Les réformes renforcent les performances
La politique de l'État s'adapte aux besoins des entreprises
CONFIANCE ET DYNAMISME
Les entreprises de Côte d'Ivoire, après avoir souffert durant la crise, se sont remises au travail avec confiance et leurs résultats en 2012 témoignent d'une belle capacité à rebondir. L'amélioration générale du cadre macroéconomique, la disponibilité des bailleurs de fonds et l'amélioration - lente mais réelle de la situation sociopolitique ont été autant de facteurs positifs. Une enquête de conjoncture menée par la Confédération générale des entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI) à la fin 2012 a témoigné de l'optimisme des opérateurs économiques, en dépit d'inévitables difficultés. Parmi celles-ci, l'état d'assèchement de leurs trésoreries et les difficultés à recruter une main-d'oeuvre qualifiée pour accompagner la relance. Ils apprécient la décision de l'État d'apurer au plus tôt sa dette intérieure, mais ils souhaitent voir les banques de la Place jouer un rôle plus actif dans leur financement, en particulier dans celui des petites et moyennes entreprises. Ils comptent aussi sur une politique de l'emploi qui permette de favoriser en priorité les secteurs les plus rentables de l'économie.
UNE POLITIQUE DE L'EMPLOI ACTIVE ET RÉALISTE
La remise au travail des Ivoiriens est l'une des priorités du gouvernement. Le pays compte officiellement entre 20 % et 30 % de chômeurs, 50 % de la population vit encore dans la pauvreté, et la jeunesse, diplômée ou non, paie un lourd tribut à l'absence de débouchés. Un nouveau schéma de création d'emplois a été bâti, impliquant le gouvernement, les partenaires au développement et le secteur privé. Si la stricte rentabilité des emplois créés a son importance, d'autres facteurs doivent être pris en compte, tels que la nécessité de donner du travail aux jeunes rendus à la vie civile par le Programme désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). Leur insertion est l'un des gages de la stabilité du pays. La Banque mondiale occupe le premier rang des partenaires financiers de ce programme. Elle soutient à hauteur de 25 milliards de F CFA la mise en adéquation de la formation professionnelle avec le marché de l'emploi.
L'ÉTAT RÈGLE SES DETTES
En janvier 2013, le gouvernement est intervenu auprès de la Direction générale du Trésor et de la comptabilité publique pour que soit apurée le plus rapidement possible la dette intérieure. Un montant de plus de 35 milliards de F CFA a été affecté à cette opération, dont : près de 14 milliards pour les fournisseurs au niveau central, 5 milliards au niveau de l'administration, 2 milliards pour les fournisseurs des établissements publics nationaux (EPN) de la santé, 3,5 milliards pour ceux de l'Agence nationale de la salubrité urbaine (Anasur) et 836 millions de F CFA pour ceux de l'Institut polytechnique Houphouët- Boigny (INPHB). D'autres montants seront décaissés ultérieurement, à l'intention d'autres fournisseurs dans les secteurs considérés comme socialement prioritaires. L'objectif de l'État est double : marquer sa volonté de respecter l'engagement des quatre-vingt-dix jours de la dette fournisseur et fournir aux entreprises privées - et particulièrement aux PMEPMI - la trésorerie sans laquelle elles ne pourraient pas jouer leur rôle de leviers de la croissance.
DES FORMATIONS ADAPTÉES
La Banque mondiale participe également au Projet emploi jeunes et développement des compétences (Pejedec), qui reçoit des milliers déjeunes âgés de 18 à 30 ans au Centre des métiers de l'électricité, à Bingerville, dans la banlieue d'Abidjan. Le centre les forme, leur propose des stages et les met en apprentissage, en réponse aux besoins exprimés par les entrepreneurs du privé. Les mêmes préoccupations de multiplication des débouchés ont conduit le gouvernement à organiser en urgence la réouverture des universités publiques après deux ans de fermeture pour cause de crise postélectorale. Environ 100 milliards de F CFA ont été consacrés à la réhabilitation des infrastructures et à la refonte des cursus académiques. La société civile n'est pas en reste puisque le Conseil ivoirien pour le travail comme contrat social (CITCS) revendique un droit de regard sur tout projet concernant les chômeurs et s'assure qu'il est en adéquation avec les besoins réels des entreprises.
LE SECTEUR PRIVÉ EN CHIFFRES
85 % de la création nationale de richesses 5 millions d'emplois induits Une contribution fiscale et douanière de 2000 milliards de F CFA
COMMENT LES ENTREPRISES ONT RENOUÉ AVEC LA CROISSANCE
Les entreprises du secteur primaire ont affiché de bons résultats en 2012. notamment l'agriculture d'exportation. Le café, en particulier, a vu sa production multipliée par près de quatre en un an (et + 150 % par rapport à 2010). Dans le secteur secondaire, on a noté la montée en puissance du bâtiment et des travaux publics (BTP), grâce notamment au démarrage ou à la reprise de grands chantiers et au lancement de nombreux programmes immobiliers. Les entre prises de l'agroalimentaire ont vu leur chiffre d'affaires croître de 25 %. La même tendance haussière a été observée dans le textile, la chaussure et le transport terrestre, résultat de l'amélioration de la situation sécuritaire. En dépit de la situation difficile de la Société ivoirienne de raffinage, qui souffre d'un déficit structurel, les ventes de produits pétroliers ont crû de plus de 50 %. Les entreprises du tertiaire ont elles aussi affiché une belle santé, qu'il s'agisse du commerce de détail (plus de 30 % par rapport à 2011), du transport aérien (+ 49 % pour les passagers, + 22 % pour le fret) ou maritime (+ 25 %).
Ambitions régionales
Portraits de groupes ivoiriens en quête de nouveaux marchés
30 000 personnes Sifca est le premier employeur privé
RAFFINAGE
La Société ivoirienne de raffinage (SIR), créée en 1962, est la première entreprise de Côte d'Ivoire. Elle a pour actionnaire l'État ivoirien (48 %, via la société nationale Petroci), les États d'Angola et du Burkina Faso, ainsi que des groupes privés. À partir de brut importé du Nigeria, elle produit divers carburants et détient le monopole de la distribution de produits finis sur le marché ivoirien. Les prix sont fixés par arrêté ministériel. Les besoins annuels du pays en produits pétroliers sont estimés à 1 million de tonnes.
AGRO-INDUSTRIE
Premier groupe privé de Côte d'Ivoire, Sifca emploie environ 30 000 personnes et travaille dans l'exploitation de plantations, la transformation et la commercialisation de l'huile végétale, du caoutchouc et du sucre de canne. Le chiffre d'affaires a passé la barre du milliard de dollars en 2012, en progression de 46 % en deux ans. Sifca mise particulièrement sur le raffinage de l'huile de palme et ambitionne de devenir leader continental. Sa filiale Sania CIE s'est spécialisée dans la production d'huile de table. Sa raffinerie est aujourd'hui la plus grande du continent. À terme, elle devrait doubler sa production, actuellement de 700 tonnes par jour.
ÉNERGIE
La CIE (Compagnie ivoirienne d'électricité) gère en concession le service public de la distribution et du transport de l'électricité en Côte d'Ivoire, où elle compte plus d'un million de clients. De plus, elle exploite les cinq barrages hydroélectriques du pays, ainsi qu'une centrale thermique à gaz. Des producteurs indépendants complètent la production. Parmi ceux-ci la Ciprel (Compagnie ivoirienne de production d'électricité), qui exploite une centrale thermique à gaz et qui fait partie, avec la Sodeci (Société de distribution d'eau de la Côte d'Ivoire) et la CIE, du groupe Finagestion, à capitaux principalement ivoiriens et sénégalais.
PÉTROLE
La Société nationale d'opérations pétrolières (Petroci), née en 1970, avait alors vocation à devenir l'opérateur technique de l'État ivoirien dans le secteur pétrolier. Grâce à sa diversification et à ses activités à l'étranger, la compagnie n'a pas trop souffert de la crise et son chiffre d'affaires 2012 s'élève à environ 400 millions de dollars. Ses ambitions sont grandes : son nouveau DG veut « faire de la Côte d'Ivoire la plaque tournante du commerce des produits pétroliers dans la sous-région, voire dans toute l'Afrique ».
IDENTIFICATION ET MODERNISATION DES PME
Alors qu'elles représentent 98 % des entreprises recensées dans le pays, les PME et PMI ivoiriennes ne contribuent qua 18 % de la formation du PIB et ne représentent que 20 % des emplois. Même si les pouvoirs publics déploient de nombreux efforts pour dégager des financements en leur faveur, elles sont généralement assez mal structurées pour en tirer le meilleur parti. Le gouvernement a donc défini une feuille de route visant à identifier les PME et PMI afin de leur faciliter l'accès aux informations et sources de financement qui les concernent directement. Le processus a été lancé en septembre 2012 par la mise en place d'une loi fixant la signification des termes (micro, petite et moyenne entreprises). C'est l'une des rares lois de ce type en vigueur en Afrique.