Le secteur de la microfinance

1 - Historique du secteur de la microfinance

La microfinance est née en Côte d’ivoire en 1976 avec la création du Réseau des CREP-COOPEC afin de promouvoir le développement en milieu rural. Avec l’appui de la Banque Mondiale, de l’Agence Française de Développement et de l’Agence Canadienne de Développement qui ont financé sa restructuration en 1994, cette institution s’est élargie pour devenir un puissant réseau de microfinance et a pris le nom de Fédération Nationale des Coopératives d’Epargne et de Crédit de Côte d’Ivoire (FENACOOPEC-CI) et ensuite de Union Nationale des Coopératives d’Epargne et de Crédit de Côte d’Ivoire (UNACOOPEC-CI). D’autres institutions telle que la Mutuelle de Crédit et d’Epargne des Femmes de Bouaflé (MUCREFBO) verront le jour dans les années 1980.

L’ampleur de ce secteur financier sera observé dans l’ensemble des pays de l’UEMOA à la suite de la crise économique des années 80 qui a sinistré le secteur bancaire de la zone, notamment les banques de développement, orientées vers la population rurale. La progression de ce nouveau secteur va attirer l'attention des autorités de l'UEMOA qui, lors de la réforme de 1989, relative à la politique de la monnaie et du crédit, décideront de favoriser les conditions de sa réglementation. Le Programme d'Appui à la Réglementation des Mutuelles d'Epargne et de Crédit (PARMEC) sera mis en oeuvre par la BCEAO à cet effet.

En Côte d’Ivoire, ce cadre règlementaire entrera en vigueur à partir de 1996 avec l’adoption de la loi n°96-562 du 22 juillet 1996, portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit qui dessaisi le Ministère de l’Agriculture de la tutelle des institutions de microfinance pour la confier au Ministère chargé des Finances. D’autres textes juridiques viendront ensuite renforcer ce cadre, notamment :

  • Le décret n°97-37 du 22 janvier 1997 portant application de la loi 96-562 du 22 juillet 1996 ;
  • La convention cadre adoptée le 3 juillet 1996 par le conseil des Ministres de l’UMOA ;
  • Les instructions de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest élaborées en mars 1998.

L’institutionnalisation de la microfinance par ce cadre réglementaire va favoriser l’émergence des institutions de microfinance en Côte d’Ivoire.

2 - Situation actuelle du secteur

Les IMF ont connu au cours des dix dernières années une évolution assez remarquable du nombre de guichets ouverts. A fin 2006, la Côte d’Ivoire comptait 91 institutions de microfinance pour 210 caisses de base légalement constituées. Plus de 900 000 personnes bénéficient des services offerts par ce secteur contre moins de 60 000 en 1995. En outre, le montant de l’épargne mobilisé se chiffre à 72,8 milliards de FCFA et l’encours de crédit à la clientèle s’élève à 31,2 milliards FCFA.

Le secteur comprend des structures organisées en réseau et de nombreuses institutions isolées non constituées en réseaux. La configuration du secteur se présente comme suit.

  • Un très grand réseau mutualiste qui occupe plus de 80% du marché :

    • L’UNACOOPEC-CI ;
  • Des structures de taille moyenne organisées en Réseau :
    • le Réseau des Caisses Mutuelles d’Epargne et de Crédit (RCMEC) ;
    • le Réseau des Caisses Mutuelles d'Epargne et de Crédit (RCMEC) ;
    • le Fonds Local d’Epargne et de Crédit (FLEC) ;
    • la Coopérative Financière de la Communauté Chrétienne (CFCC) ;
    • la Mutuelle d’action Sociale (MUTAS) ;
    • la Caisse Ivoirienne d’épargne et de Crédit Agricole (CICA) ;
  • Des structures mutualistes disposants de nombreuses agences mais non organisées en réseau :
    • la Mutuelle de Crédit et d’Epargne des Femmes d’Aboisso (MUCREFAB) ;
    • la Mutuelle de Crédit et d’Epargne des Femmes de Bouaflé (MUCREFBO) ;
  • Deux institutions conventionnées :
    • ACCESS FINANCE ;
    • le Fonds Ivoirien pour le Développement de la Retraite Active (FIDRA) ;
  • De nombreuses structures isolées de petite taille (plus de 70)

3 - Encadrement du secteur

La supervision et la surveillance du secteur sont assurées par le Ministère de l’Economie des Finances qui est le Ministère de tutelle et par la BCEAO. La Tutelle dispose de deux organes chargé de la microfinance : la Commission Nationale pour la Microfinance (CNM) et la Direction de la Microfinance.

La CNM a été créée en 2002 dans un contexte marqué par la dégradation des performances du secteur afin de garantir la viabilité des institutions de microfinance et de permettre leur insertion progressive dans le secteur financier moderne: Cette commission a pour mission :

  • L’examen de tous les rapports ou études relatifs au secteur ;
  • L’audition des dirigeants des institutions de microfinance ;
  • L’examen les dossiers de demande d’autorisation d’exercer ;
  • Le suivi de la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière de développement du secteur de la microfinance.

La BCEAO vient en appui au Ministère chargé des Finances dans l’encadrement et la surveillance du secteur de la microfinance. Elle a en charge l'élaboration et le suivi de la réglementation relative aux systèmes de financements décentralisés dans les pays de l'UMOA.

Les acteurs du secteur ont crée en 1998 une association dénommée Association Interprofessionnelle des Systèmes Financiers Décentralisés de Côte d’Ivoire (AISFD-CI) composée d’une trentaine de membres. C’est une institution de promotion du secteur de la microfinance qui sert d'interface entre les institutions de microfinance en Côte d'Ivoire et tous les partenaires (Tutelle, BCEAO, Organismes internationaux, etc).

Source : Direction du trésor / sous-direction des affaires monétaires et bancaires.