Redressement spectaculaire de l'économie
Le FMI pronostique un « deuxième miracle ivoirien

Le port d'Abidjan est l'une des plateformes logistiques les plus efficaces d'Afrique

DES RÉSULTATS DE PREMIER ORDRE


S'exprimantà Abidjan, en janvier 2013, devant les membres de l'Assemblée nationale, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, s'est félicitée des résultats obtenus en moins de deux ans par la nouvelle administration ivoirienne, allant jusqu'à évoquer la perspective d'un « deuxième miracle économique ivoirien » pour autant que les réformes entreprises soient toutes menées à leur terme. En 2012, le taux de croissance du PIB réel pour 2012 a finalement dépassé les prévisions les plus optimistes pour atteindre 9,8 %, chiffre confirmé par le FMI à la fin mars 2013. Un taux du même ordre - entre 9 % et 10 %, voire davantage - est attendu pour 2013 et 2014.


TOUS LES INDICATEURS SONT AU VERT


Ces excellents résultats s'expliquent notamment par la normalisation de la situation sécuritaire, la reprise de la coopération internationale et les mesures d'incitation en faveur des secteurs productifs. Les perspectives d'avenir sont encourageantes. Pour la première fois depuis trente ans, la Côte d'Ivoire a régularisé sa dette extérieure. Le taux d'investissement public passera, pour la première fois également, audessus de 7 % en 2013, tandis que le chiffre de l'inflation, limité à 1,3 % en 2012, devrait rester sous les 3 % en 2013. Dans la mesure où les dossiers politique et sécuritaire continuent à évoluer favorablement, l'ambition stratégique du président Ouattara - « Faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent à l'horizon 2020 », ce qui suppose de générer une croissance suffisante pour doubler le revenu national d'ici à 2020 - n'en devient que plus crédible.



UN PLAN POUR L'ÉMERGENCE


Le Plan national de développement (PND) élaboré par le gouvernement ivoirien est devenu le seul et unique document de référence de la politique économique du pays. Établi pour trois ans (2012-2015), il est basé sur l'hypothèse d'une croissance forte, tirée par un accroissement substantiel des investissements, tant publics que privés. Les hypothèses de croissance du PIB réel sont raisonnables : 8,6 % en 2012 (objectif dépassé dans les faits), 9 % en 2013 et 10 % en 2014 et 2015. Sur la période, les investissements devraient passer de 12,5 % du PIB en 2012 (dont 5,4 % publics) à 23,5 % en 2015 (dont 9 % publics). Certains objectifs sont quantifiés, comme la volonté de réduire de moitié (de 50 % à 25 %) le taux de pauvreté de la population et celle d'améliorer l'Indice de développement humain (IDH). La Côte d'Ivoire figure aujourd'hui au 168e rang (sur 184 pays). D'autres sont stratégiques, notamment créer l'un des meilleurs climats des affaires en Afrique, renforcer la compétitivité de l'économie ivoirienne et rejoindre le groupe de tête des pays africains en termes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

 

Un des grand chantiers d'Abidjan


SOUTENU PAR LA COMMUNAUTÉ
INTERNATIONALE


Le PND intègre tous les autres plans et programmes économiques et financiers en cours. C'est ainsi, par exemple, qu'il bénéficiera des sommes économisées du fait de l'annulation de la dette bilatérale française, qui seront consacrées à des projets à caractère social. De même l'atteinte, en juin 2012, du point d'achèvement de l'Initiative PPTE (64 % de la dette multilatérale, soit 4 051 milliards de F CFA),permet de financer des projets prioritaires. D'un coût global de 11 076 milliards de F CFA, le PND est d'une part financé par l'État ivoirien et d'autre part, soutenu par les principaux partenaires au développement de la Côte d'Ivoire. Ils lui ont d'ailleurs manifesté un large soutien en lui accordant lors d'une réunion à Paris, en décembre 2012, une enveloppe de 4 319 milliards de FCFA, soit deux fois plus qu'attendu. D'ores et déjà, un second PND, destiné à couvrir les années 2016-2020 est à l'étude.


BTP ET INDUSTRIE EN POINT


La croissance du PIB en 2012 est allée au-delà du simple rattrapage après la contraction de 4,7 % de 2011, année de la crise postélectorale. Le secteur primaire n'a connu qu'une hausse légère (2,3 %), mais le secondaire (19,2 %) et le tertiaire (13,5 %) ont « boosté » l'économie ivoirienne. Le BTP et l'industrie ont fait preuve d'un remarquable dynamisme, dû notamment à la hausse de 83,3 % des investissements, tant publics (infrastructures) que privés (renouvellement des outils de production). Le BTP a profité du lancement des grands travaux d'infrastructures, de l'entretien des pistes rurales, de la réhabilitation des bâtiments publics, de la construction de salles de classe et de centres de santé : son chiffre d'affaires a crû de 30 % en 2012, après avoir connu une baisse de 12 % l'année précédente. Quant à la production manufacturière, qui demeure la première de l'espace Cedeao, elle a contribué pour 18 % au PIB ivoirien.


BOOM DU SECTEUR DES SERVICES


C'est néanmoins le secteur tertiaire qui s'est révélé le principal moteur de la croissance en 2012, y contribuant pour près de la moitié. Les activités de transport et logistique ont progressé de 23 % grâce aux mesures prises pour l'amélioration de la situation sécuritaire, à la bonne tenue du transport maritime et au lancement des activités de la nouvelle compagnie Air Côte d'Ivoire, en octobre 2012. Le commerce, qui s'était replié de 7 % en 2011, a connu une croissance de 11 % en 2012 grâce au retour de la confiance, à la restauration de l'autorité de l'État sur tout le territoire, à la liberté de circulation retrouvée et à la hausse des revenus des paysans, faisant suite à la réforme de la filière café-cacao. Tous les services ont profité de la reprise. La banque-assurance et le tourisme-hôtellerie ont pour leur part enregistré chacun une croissance de 17 %. Au total, le PIB ivoirien s'est élevé en 2012 à 12 600 milliards de F CFA (19,2 milliards d'euros).

 


OBJECTIFS ET INVESTISSEMENTS DU PLAN NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT 2012-2015


  1. Les populations vivent en harmonie dans une société sécurisée qui leur garantit une bonne gouvernance (9,56 % des investissements).
  2. La production de richesses est accrue, soutenue et ses fruits sont répartis équitablement entre tous (63,82 % des investissements).
  3. Tous et toutes, en particulier les femmes, les enfants et les autres groupes vulnérables, ont équitablement accès à des services sociaux de qualité (14,58 %).
  4. Les populations vivent dans un environnement sain et un cadre de vie adéquat (9,37 %). V. La Côte d'Ivoire est effectivement repositionnée sur la scène régionale et internationale.