Agro-industries

Au coeur de la stratégie d'émergence


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FORT POTENTIEL DE CROISSANCE


De tout temps, le secteur agricole a constitué la base de l'économie ivoirienne et c'est sur lui que s'est construit, dès l'indépendance, le développement du pays. En 2013 encore, l'agriculture fait vivre les deux tiers des ménages et contribue à hauteur d'environ 22 % à la formation du PIB, dont 17 % pour l'agriculture vivrière et 5 % pour les produits d'exportation. Le secteur s'affirme comme l'un des principaux créateurs d'emplois tout en offrant aux investisseurs de belles perspectives. Si 75 % des terres du pays sont arables, elles ne sont encore exploitées qu'à 40 %. La taille moyenne des exploitations n'est que de 10 hectares. Enfin, la qualité des sols et les conditions climatiques sont particulièrement favorables à une grande diversité de cultures tropicales.


4 MILLIARDS DE DOLLARS D'ICI À 2015


Ce potentiel exceptionnel place évidemment l'agriculture au coeur de la stratégie économique qui vise à faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent d'ici à 2020. Elle bénéficie même d'un programme d'investissement en propre dans le cadre du Plan national de développement (PND), qui couvre la période 2012-2015 et prévoit plus de 20 milliards de dollars pour les infrastructures, l'éducation et la santé. Le Programme national d'investissement agricole (PNIA), pour sa part, consacrera 2 000 milliards de F CFA (plus de 3 milliards d'euros) au secteur agricole. Cela représente au moins 10 % du budget national. Auparavant, cette proportion était inférieure à 2 %. Les projets envisagés dans le PNIA ont pour objectif d'augmenter le rendement et la qualité de toutes les productions agricoles afin d'en faire baisser les coûts et de les rendre plus accessibles pour les ménages ivoiriens.

RENTABILISER LES CULTURES VIVRIÈRES


Les produits vivriers connaissent une forte demande du fait de l'importante proportion de la population vivant en ville (environ 50 %). C'est ainsi que le riz tend à devenir la denrée la plus demandée alors que la Côte d'Ivoire importe plus de 50 % de sa consommation annuelle, de 1,5 million de tonnes. Dès 2016, avec une production locale de 1,9 million de tonnes, la Côte d'Ivoire redeviendra exportatrice de riz, position perdue dans les années 1970. Le maïs offre un excellent potentiel à l'exportation vers les pays voisins, qui connaissent tous un déficit sévère en dépit de rendements supérieurs à ceux de la Côte d'Ivoire (1 500 kg à l'hectare, contre 900). Il en irait de même pour le manioc et la banane plantain, pour lesquels le pays est autosuffisant, à condition d'en améliorer les rendements (de 10 à 30 tonnes par hectare pour la banane, par exemple). 35% du cacao est transformé localement


RENFORCER LES CULTURES D'EXPORTATION


Le PNIA concerne aussi le cacao, dont le pays est le premier producteur mondial, et d'autres produits, qui assurent avec lui 40 % des recettes d'exportation. Parmi eux, le café (production de 130 000 tonnes par an), la noix de cajou (4500001), le caoutchouc naturel (2550001) et l'huile de palme (3900001). C'est aussi le cas du coton, un secteur particulièrement dévasté par la décennie de crise : la production a été divisée par trois entre 2002 et 2008. Elle est revenue à 350 000 tonnes pour la saison 2012-2013. La distribution de meilleures semences, la construction d'espaces de stockage ainsi que la rénovation des routes et des infrastructures font partie de moyens d'améliorer la productivité des plantations. Dans le cas du cacao, le gouvernement s'est fixé l'objectif de multiplier la productivité par cinq dans le cadre du PNIA, pour atteindre 2 tonnes à l'hectare à l'horizon 2015.


L'AGRO-INDUSTRIE EN POINTE


La Côte d'Ivoire possède un secteur industriel relativement développé qui lui permet d'occuper la deuxième place en Afrique de l'Ouest, derrière le Nigeria. Sa contribution au PIB est de l'ordre de 20 %, contre 11 % au Sénégal ou 8 % au Ghana. Il est largement dominé par l'agro-industrie. La part des produits transformés dans le total des exportations agricoles et agro industrielles est passée de 28 % en 1995 à 36 % en 2008. Dans la perspective de l'émergence en 2020, les autorités ont fixé un objectif de transformation sur place d'au moins 50 % des matières premières produites dans le pays, au lieu d'à peine 30 % aujourd'hui. Dans le cas du cacao, par exemple, il incite les opérateurs privés à transformer 40 % de la récolte en beurre, liqueur et poudre de cacao grâce à des mesures telles que la réduction des taxes à l'exportation. Moins de 10 % du café ivoirien est transformé sur place, ainsi que 3 % des noix de cajou, 2 % du caoutchouc naturel et 2 % du coton.

 


RÉFORME DES PRIX PLANCHER


En novembre 2011 a été mise en oeuvre une profonde réforme de la filière cacao, destinée à mettre fin à des abus de longue date et à garantir aux paysans des revenus stables et plus élevés. Elle instaure un prix minimum garanti aux producteurs, alors qu'autrefois il n'était qu'indicatif et souvent manipulé par des acheteurs peu scrupu leux. Pour la campagne 2012-2013, le prix fixé à 725 F CFA (1,10 euro) le kilo a été observé partout et s'est révélé rémunérateur pour les 4 millions de personnes qui vivent de cette culture. Ce système permet en outre de constituer un fonds de réserve destiné à financer, par exemple, des travaux d'entretien des exploitations. Il a été abondé de 40 milliards de F CFA en 2012-2013. Le même principe de prix plancher se met en place dans le coton et la noix de cajou grâce à la constitution de l'Autorité de régulation du coton et de l'anacarde (Areca).