Redevenir une puissance diplomatique
En moins de deux ans, l'« Éléphant » a retrouvé sa place dans le concert des nations

Le président ivoirien avec le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, à Yokohama, en mai 2013.

POLITIQUE RÉGIONALE VOLONTARISTE


Dès la fin de 2011, la Côte d'Ivoire a mené une politique étrangère volontariste. Associée à de premiers résultats satisfaisants sur les plans politique et économique, celle-ci lui a permis de retrouver rapidement ses positions de deuxième puissance économique d'Afrique de l'Ouest et de première économie de la sous-région francophone. Et de redonner tout son sens au surnom d'« Éléphant d'Afrique » qu'elle tire de sa puissance économique comme de son histoire. C'est en effet à l'éléphant, qui était aussi le symbole du Rassemblement démocratique africain, parti fondé par Félix Houphouët-Boigny, qu'elle doit son nom. Les coopérations bilatérales avec tous ses voisins, dont certaines avaient été suspendues, ont repris avec une force nouvelle. Le président Ouattara mène une politique régionale qui traduit une ambition économique : l'élargissement des marchés régionaux et africains.


PRÉSIDENCE DE LA CEDEAO


En 2012, le président Ouattara a été élu à la tête de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). C'était la première fois, en trente-sept ans d'existence de l'organisation, qu'un Ivoirien la présidait. En mars 2013, ses pairs l'ont reconduit pour un an. Son premier mandat ayant été essentiellement consacré à la résolution des crises au Mali et en Guinée-Bissau, le second s'attachera plus particulièrement, a-til affirmé, aux questions économiques et à l'édification d'une « Cedeao des peuples » venant consolider la « Cedeao des États », qui existe de fait depuis la création de la Communauté. Parmi les projets prioritaires figure l'élargissement de la fourniture d'électricité aux populations.

 

L'ÉCOLE GRATUITE POUR TOUS


Dès son élection, le président ivoirien a entrepris de rencontrer les principaux dirigeants de la planète afin de les convaincre que son pays entrait véritablement dans une ère nouvelle, faite de sérieux, de bonne gouvernance et de priorité donnée au développement économique. Il a partout été entendu. La communauté internationale unanime a approuvé les grandes réformes politiques, économiques et sociales qu'il a engagées et l'a assuré d'un soutien financier sans faille. Ainsi a-t-il pu lancer son ambitieux Plan national de développement (PND), riche de plus de 11 000 milliards de F CFA, grâce auquel la Côte d'Ivoire atteindra, à l'horizon 2020, le statut de pays émergent.


MULTIPLES RENCONTRES AU SOMMET


En 2012 puis en 2013, les rencontres au sommet se sont multipliées, le président ivoirien saisissant chaque fois l'occasion de nouer ou de resserrer des liens de coopération active, comme ce fut le cas à Malabo, en Guinée équatoriale, lors du 3e sommet Afrique-Amérique du Sud, en février 2013. Et encore à Yokohama, au Japon, pour la 5e édition de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique (Ticad V), en mai 2013. En Europe, en Amérique,en Asie, dans les pays du Golfe, Alassane Ouattara multiplie les contacts et plaide pour un accroissement des ressources et des investissements en faveur de son pays. Et ses efforts sont le plus souvent couronnés de succès. La Banque africaine de développement (BAD), qui prépare le retour de son siège à Abidjan, et l'Office international du café et du cacao, qui envisage d'y implanter le sien, en sont autant d'exemples.

 

GRANDS PROJETS ROUTIERS ENCOURS

  • Prolongement de l'autoroute du Nord
  • Construction d'un 3e pont à Abidjan
  • Extension des ports autonomes d'Abidjan et de San Pedro
  • Phase III de la centrale thermique d'Azito
  • Barrage et centrale hydroélectrique de Soubré
  • Chemin de fer minéralier Man-San Pedro


En février 2013, le Conseil des ministres ivoiriens a décidé de relancer la participation du pays aux travaux du Conseil de l'entente. Ce qui devrait avoir pour conséquence une accélération des décisions concernant le projet de boucle ferroviaire reliant le Bénin (Cotonou et Parakou), le Niger (Niamey), le Burkina Faso (Kaya et Ouagadougou) à Abidjan. Alassane Ouattara a réaffirmé l'urgence d'une mise à niveau des infrastructures dans la région, en particulier de celles de transports, lors du 22e sommet de l'Union du fleuve Mano (UFM), qui se tenait à Monrovia, au Liberia, le 30 avril 2013. Des décisions de raccordement de grands axes routiers ont été prises à cette occasion.

 

 

RELANCE DU TRANSPORT AÉRIEN


Le pays comptait, avant l'éclatement de la crise de 2002, 3 aéroports internationaux, 14 aéroports régionaux - tous opérationnels - et 27 aérodromes publics ou privés. Une quinzaine de sites aéroportuaires ont été réhabilités, mais 6 seulement possèdent une piste bitumée. Tout en menant, sur un programme d'urgence de 9,6 milliards de F CFA, des travaux destinés à améliorer les dessertes intérieures, le gouvernement envisage de revitaliser ces sites en les regroupant et en les proposant à des opérateurs privés.


AIR CÔTE D'IVOIRE


Détenue par l'État ivoirien (65 % des parts), Air France (20 %) et le Fonds Aga Khan pour le développement économique (15 %), Air Côte d'Ivoire est née le 16 mai 2012 sur les cendres de la défunte Air Ivoire. Après avoir inauguré sa première ligne le 12 novembre 2012 (Abidjan-Dakar), la compagnie dessert en 2013 dix destinations sur le continent africain. Elle se prépare également à relier Abidjan à toutes les capitales africaines et à ouvrir progressivement son réseau à l'international.



LOW COST


La compagnie low cost Corsair, forte du succès de sa ligne Paris-Dakar, a ouvert en avril 2013 une ligne régulière Paris-Abidjan, marchant ainsi sur les brisées d'Air France et contraignant celle-ci à baisser ses tarifs pour s'aligner. Plusieurs autres compagnies aériennes low cost se sont mises sur les rangs, prêtes à ouvrir de nouvelles liaisons en Côte d'Ivoire, tant intérieures qu'extérieures.

RENFORCER LES ORGANISATIONS RÉGIONALES


La Côte d'Ivoire prend aussi une part active dans les trois autres organisations régionales auxquelles elle appartient, en vue d'une plus grande efficacité de leurs actions et réalisations. C'est notamment le cas au sein de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). La Côte d'Ivoire en est traditionnellement la « locomotive », son PIB représentant environ 40 % du PIB total de cette Afrique de l'Ouest francophone.

 

Le président ivoirien avec Barack Obama au G8 de Deauville, en mai 2011.


RELEVER LE DÉFI SÉCURITAIRE

 

Président en exercice de la Cedeao, Alassane Ouattara appelle à une politique de défense et de sécurité commune, en modernisant l'Ecomog, l'instrument de défense de l'organisation, et en renforçant la coopération régionale en matière de renseignement et d'action, notamment contre la piraterie qui se développe le long des côtes. Il a joué un rôle majeur dans la mise en oeuvre de la contre-offensive lancée au début de 2013 contre les islamistes du Nord-Mali. La Côte d'Ivoire a fourni des troupes à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) ; un premier contingent, affecté à des missions logistiques, a rejoint Bamako en mai 2013. Si ces actions sont motivées par la volonté d'arrimer l'« Éléphant d'Afrique » aux grands États libéraux et de le faire participer à la marche du monde, elles témoignent aussi d'une fermeté qui s'avère utile sur le plan intérieur. Même si beaucoup reste à faire, la politique de main tendue commence à porter ses fruits avec le retour des exilés, la réinsertion économique des anciens combattants et l'orga nisation d'une armée nouvelle.